Comment mieux détecter la maladie d’Alzheimer ?
Un groupe de chercheurs a tenté la mise au point d’un test sanguin permettant de détecter la maladie d’Alzheimer bien avant l’apparition des symptômes. Le test sera extrêmement utile pour les scientifiques qui tentent de comprendre et de traiter la maladie.
Le fait est qu’un simple test sanguin qui puisse prédire la maladie d’Alzheimer des années plus tôt est, actuellement, possible. L’un des principaux obstacles à la recherche sur la maladie d’Alzheimer est que la maladie est toujours détectée à un stade relativement tardif.
En effet, les symptômes se développent lentement sur un certain nombre d’années. il semblerait qu’ils deviennent évidents longtemps après que l’affection a entraîné des changements dans le cerveau.
Dans l’état actuel des choses, il n’existe pas de moyen simple de détecter si la maladie d’Alzheimer se développe chez une personne. Les seules méthodes de diagnostic fiables sont la tomographie par émission de positons (TEP), longue et coûteuse, et l’analyse du liquide céphalorachidien (LCR) prélevé par ponction lombaire, qui est douloureuse et invasive.
Détection de protéines dans le sang
L’une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer est une accumulation anormale de plaques amyloïdes-bêta dans le cerveau. En effet, l’amyloïde-bêta est présente dans le cerveau sain, mais, chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la protéine est mal pliée et s’accumule. C’est sa forme mal pliée, en forme de feuille, qui est toxique pour les cellules nerveuses.
Les plaques amyloïdes peuvent commencer à se développer 15 à 20 ans avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Cette protéine malsaine est à la base du test sanguin révolutionnaire.
Les chercheurs voulaient savoir si la mesure des taux relatifs de bêta-amyloïde saine et pathologique dans le sang pouvait identifier la maladie d’Alzheimer dans ses premiers stades prodromiques. Leur nouveau test sanguin fonctionne à l’aide d’un capteur immuno-infraroug. Basé sur un anticorps, le capteur extrait toutes les bêta-amyloïdes de l’échantillon de sang. Les deux versions de bêta-amyloïde absorbent la lumière infrarouge à des fréquences différentes permettant aux chercheurs de mesurer les niveaux relatifs de protéines saines et malsaines.
Le renforcement des cellules immunitaires du cerveau pourrait arrêter la maladie d’Alzheimer. Les résultats de deux nouvelles études suggèrent que les cellules immunitaires du cerveau pourraient constituer la clé des traitements futurs de la maladie d’Alzheimer. Contrairement à d’autres méthodes, le capteur immuno-infrarouge ne donne pas une quantité précise de protéines mal pliées, il fournit plutôt des informations sur le rapport entre les versions saine et malsaine. Ceci est bénéfique car il est moins influencé par les fluctuations naturelles des niveaux de protéines dans le sang.
Pour déterminer si le test a fonctionné, l’équipe de scientifiques de l’Université de Toulouse, a pris les données de la cohorte. Cette première phase de l’étude a donné des résultats encourageants. En effet, chez les personnes qui présentaient des symptômes subtils et précoces de la maladie d’Alzheimer, le test a permis de déceler des changements dans les taux de bêta-amyloïde qui étaient corrélés avec des dépôts anormaux visualisés par scintigraphie cérébrale. En d’autres termes, le test a détecté une augmentation des niveaux de bêta-amyloïde mal pliée, ce qui a été confirmé plus tard par un examen du cerveau.
Le niveau suivant
L’étape suivante, évidente et vitale, consistait à déterminer si des taux anormaux de bêta-amyloïde pouvaient être détectés chez les personnes avant l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Pour ce faire, ils ont utilisé les données de l’étude de cohorte ESTHER. Ils ont évalué les échantillons de sang de 65 personnes qui ont par la suite développé la maladie d’Alzheimer. Ces échantillons de sang ont été comparés à ceux de 809 personnes qui n’ont pas développé la maladie.
En moyenne, le test sanguin pouvait détecter la maladie d’Alzheimer chez les personnes 8 ans avant l’apparition des symptômes cliniques. Il a correctement diagnostiqué la maladie d’Alzheimer dans 70 % des cas et a prédit à tort que 9 % d’entre eux développeraient la maladie.
Dans l’ensemble, l’exactitude du diagnostic était de 86 %. Comparativement à une ponction lombaire ou à une tomographie TEP, une simple analyse sanguine serait beaucoup plus utile aux cliniciens et aux chercheurs. Bien qu’à ce stade, le test ne soit pas parfait, il serait utile de repérer les personnes qui pourraient être à risque de développer la maladie d’Alzheimer avant de les envoyer pour une investigation plus approfondie.
Les résultats sont passionnants et constitueront un outil bienvenu dans la recherche de traitements pour la maladie d’Alzheimer. Plus tard, l’équipe prévoit d’utiliser une technologie similaire pour détecter un biomarqueur (alpha-synucléine) associé à une autre condition difficile à détecter tôt afin d’avancer davantage dans ce domaine.